Ultra trail du Val d’Aran, quand la nature se déchaîne

La tendance météo à l’approche de l’Ultra Trail du Val d’Aran n’est pas top. Le parcours débutera sous un beau soleil.  Les températures au départ dépasseront même les 30°C. Il y a un faible risque d’orage la première nuit (mais il existe !). Et puis la météo se dégradera sérieusement en milieu de matinée la 2e journée.

Ces tendances poussent l’organisation à communiquer un parcours de repli la veille de la course. Il reste toutefois de quoi faire avec 156 km et 9300d+.

Il va falloir être prêt mentalement à affronter les caprices de la météo !
Et plus que jamais partir prudemment pour arriver frais à la première base de vie à Bossost.
Je pars donc sur un prévisionnel de 10h15 pour parcourir 50km et 3500d+ environ.

L’heure du départ a sonné

Il est environ 15h en ce vendredi 5 juillet à Vielha.
Nous sommes à 1h du départ.
J’ai le plaisir de croiser Pascal qui faisait parti d’un groupe que j’ai encadré avec @trailsinfrance il y a quelques semaines.
Surtout je retrouve mes compères grenoblois Adrien et Claude.

Le départ est donné à 16h.
Comme prévu, la chaleur est assez écrasante.
Nous partons sur un tempo très très tranquille pour la première montée d’environ 1000d+.
Cela tombe bien, je me sens un peu comme anesthésié !

Après une première partie en forêt, nous débouchons sur les alpages et le décor devient magnifique !
Mais il y a déja un hic.
J’ai des spasmes au intestin au bout d’1h30 de course.
La douleur est vive, j’essaye de garder mon sang froid.
Je suis au ralenti dans la première descente et je laisse filer Adrien et Claude.
Je dois faire un arrêt au stand et prendre un smecta juste avant le premier ravitaillement à Bassa d’Oles

J’arrive au 1er ravitaillement au bout de 2h20 en 362e position.
Je suis un peu inquiet et dans l’incompréhension mais pas décidé à lâcher.

Un dialogue interne se met en place pour lutter contre les vents contraires.
Je sens d’un côté un manque d’énergie frustrant et un sentiment de lassitude.
De l’autre, je me concentre sur le décor qui est vraiment sympa.
Et je me mise sur la baisse des températures en soirée pour reprendre un second souffle.

Bref, ça s’annonce très incertain cet ultra !

Il est temps de se réveiller !

Je finis par reprendre un peu du poil de la bête.
Le passage le long d’une rivière apporte un bon vent de fraîcheur qui du bien !
Je commence enfin à doubler des coureurs dans mon exercice de prédilection : la descente.
Je partage un bout de chemin avec un coureur venant du Pays de Basque, très sympa.
Il profite et s’arrête régulièrement prendre des photos.

Je semble enfin « rentrer » dans cette course.
La montée vers le 2e ravitaillement (Artiga de Lin) se passe plutôt bien.
J’ai le plaisir d’y retrouver Claude et Adrien, nous allons à nouveau faire route ensemble !
Je suis alors 330e en 4h45 après 24,5 km et 2000d+.

C’est parti pour une belle montée !
Nous adoptons un bon tempo régulier.
Les conditions sont parfaites.
Il fait frais, la luminosité baisse doucement et nous avons une belle visibilité sur le parcours qui nous attend.
Ce passage est vraiment superbe.

C’est l’heure d’allumer la frontale !
La deuxième grosse difficulté est assez facilement vaincu.
Je peux alors me faire plaisir dans la petite descente de nuit qui rallie le 3e ravitaillement la cabane de Poilaner (où il n’y a que de l’eau).

Je me sens enfin bien.
Mais il se passe quelque chose de bizarre depuis quelques temps.
Je n’y prêtais pas attention au début.
Mais c’est bel et bien des éclairs qu’on voit au loin.

Pas de panique, on n’entend pas le tonnerre.
Mais je me dis qu’il ne faut pas traîner ici.
Il y a 10km 500d+ et 1200 d+ pour rallier le prochain ravitaillement au col de Portillon.

Nous sommes toujours ensemble avec Adrien et Claude (mais plus pour longtemps) pour attaquer une montée courte mais raide dans une pente herbeuse. L’orage semble se rapprocher peu à peu. Je suis dans un état de concentration maximale.
J’accélère le rythme dans la descente. J’ai compris que nous allons prendre l’orage.

Sauve qui peut !

Une petite pluie annonce la couleur.
Il est temps de mettre la veste de pluie offerte à l’occasion de mes 40 ans.

La pluie s’intensifie et le bruit de tonnerre se rapproche.
Il y a même de la grêle.
La tempête annoncée avec un faible risque est belle et bien là !

Il ne faut pas paniquer malgré la tempête !
Le risque d’hypothermie est assez faible tant que j’avance bien.
La température est encore bonne et ma veste de pluie plutôt efficace.
Je compte les secondes entre la foudre et les éclairs.
Et je me tiens prêt à jeter mes bâtons et à m’assoir sur mon sac au cas où.

La priorité reste d’avancer sans perdre le chemin.
Nous traversons des nappes de brouillard.
Les balisages sont trop espacés.
Heureusement, je devine un sentier qu’il faut suivre.
Quelques coureurs s’en écartent et je les rappelle.

Je décide de m’engager sur un rythme élevé.
Les chemins sont glissants dans la descente mais en passant dans l’herbe ça va mieux !

J’arrive au pointage de Coth Baretja au km 40 vers 0h40.
Le plus dur est passé.
Mais je pense à tous les coureurs qui sont encore pris dans la tempête.
Je reste focus sur mon objectif : rejoindre la 1ère base de vie pour faire le point.

La prochaine étape c’est le col de Portillon.
La suite de la descente pour le relier est devenu un ruisseau par endroit !
J’arrive au ravitaillement vers 1h.
J’ai besoin de m’arrêter 10 minutes pour reprendre des forces.

Petite erreur, je repars en claquant des dents !
Je me force donc à reprendre un bon rythme.
Il ne reste plus que 6,5 km pour rejoindre la base de vie de Bossot, avec surtout de la descente !

Mais cette descente est terriblement glissante.
Je double des coureurs qui chutent sans gravité.
De mon côté, je reste sur une attitude engagée en descente avec des dérapages contrôlées !

Il est 1h12, j’arrive enfin à Bossot en 207e position avec…3 minutes d’avance sur mes prévisions.
Je sens que je vais avoir besoin de m’arrêter un moment.
Mes parents sont là pour m’accueillir.

La décision tombe

J’apprends que la course est arrêtée depuis 1h dans l’attente d’une décision.
ça ne sent pas bon !
Je reste toutefois dans ma routine et décide de me changer.

Et puis le verdict tombe vers 1h40 : la course est définitivement arrêtée.
Dur à encaisser…mais compréhensible.

Le directeur de course nous informe que nous sommes tous invités pour le format EXP du dimanche (32 km et 2200 d+).
Sur le moment, je ne suis pas chaud.
Mais laissons passer la nuit pour y réfléchir !Après une courte de nuit de 3h, le moral est un peu atteint le samedi.
La pluie et l’orage sont déjà là dès 10h du matin, ce qui laisse peu de regrets pour la course !
Mais le dimanche s’annonce plutôt beau.

Nous projetons de faire une randonnée avec mes parents histoire de profiter un minimum du coin.

Je prends quand même le temps de relire le communiqué de l’organisation.
Nous aurons 4 running stones pour la course arrêtée.
Et une info m’avait échappé : les finishers de l’EXP VDA du dimanche auront 4 running stones en plus !
Une beau geste de la part de l’organisation.

Malgré la fatigue, l’idée germe dans la journée : je vais prendre le départ de cette course.

C’est donc un peu émoussé mais déterminé que je présente au départ le dimanche à 9h30.
Je me dis que je vais y aller cool pour assurer.

On se remotive !

Nous sommes environ 300 rescapés du vendredi à prendre le départ.
Dès le départ, je sens l’adrénaline monter. Cela reste une course.
Je pars sur un rythme finalement assez élevé et j’ai de bonnes sensations.

Le parcours est très sympas et la météo est parfaite !
J’arrive parfaitement bien à Arties au bout de 2h10 (18 km et 1000d+).
L’ambiance est très sympas avec de nombreux encouragements.

C’est décidé, je vais faire la fin du parcours (qui aurait aussi dû être la fin de l’ultra) à bloc !

Une longue montée de 1000d+ nous attend.
Il y a des embouteillages provoquées par les derniers du format EXP classiques partis…1h30 avant nous.
Mais cela ne casse pas le plaisir.

La fin de la montée est vraiment superbe.
Il est temps d’envoyer dans la descente pour finir en beauté !
Elle est quand même longue cette descente !

Finalement, je rejoins la ligne d’arrivée en 4h24 en 84e position.
Une performance anecdotique mais révélatrice que la tête était bien

De quoi achever ce petit séjour dans les Pyrénnées avec un bilan largement positif. Environ 82 km et 5800d+ de superbes chemins parcourus (bon 15 km dans le chaos quand même). Et 8 running stones en poche, de quoi espérer pour l’UTMB 2025.

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